dimanche 20 février 2011

La lumière qui s'éteint...

Voilà mon livre de chevet du moment! Il s'agit de La lumière qui s'éteint de l'Anglais Rudyard Kipling, paru chez Gallimard en 1988.



Quatrième de couverture

Dans La lumière qui s'éteint, le lecteur trouve matière à émotions fortes : l'amour, la guerre, la mort y sont évoqués sur un fond d'exotisme qui plaît aux amateur de romans d'aventures. L'imaginaire et le réel y sont habilement mêlés. Le texte a le parfum de l'expérience vécue tout en faisant la part belle aux espérances irréalisées et peut-être irréalisables. Et surtout, au terme d'une existence agitée qui connaît les sommets de la gloire et les abîmes du désespoir, la mort triomphe, qui seule peut apaiser les souffrances du héros, Dick Heldar.
Délaissant le monde indien, Kipling situe son action en Angleterre et au Soudan et, de plus, il s'y met en scène. L'affection particulière qu'il garda toujours pour ce roman dit clairement qu'il y mit beaucoup de lui-même.

La critique fut particulièrement lourde pour l'auteur et son oeuvre, à qui on préféra de loin ses nouvelles. Pour ma part, j'ai préféré mettre fin à ma lecture de l'introduction, qui me lassa bien trop vite et estimant que je n'avais besoin de personne pour juger l'oeuvre avant que je ne l'aie lue. Alors, je me laisse portée par ce livre qui offre beaucoup de voyages, de couleurs, et de grands sentiments. C'est pile ce dont j'ai besoin à l'heure actuelle et prend beaucoup de plaisir à lire ce roman.

Un petit mot sur Kipling :

Universellement connu pour son Livre de la jungle, recueil de nouvelles en deux tomes paru en 1894, Rudyard Kipling montrera toute sa vie une passion pour les contrées lointaines et pour l'Inde en particulier où il naît et passe ses premières années. Ces récits, écrits dans une prose vive et pleine d'humour sont autant de petites réussites nonchalantes et précises. A force d'anecdotes, de traits saillants et comme esquissés, Kipling sait rendre compte de ses observations. Ecrivain prolifique à l'imagination débridée, le père de Mowgli signe un nombre impressionnant de nouvelles, plusieurs romans parmi lesquels Kim, Multiples inventions ou Capitaine courageux, des pièces restées célèbres (Mandalay, Gunga Din), des récits pour enfants (Puck, lutin de la colline) et de nombreux poèmes dont l'émouvant Tu seras un homme (' If' dans la langue de Shakespeare). Admiré pour son oeuvre humaniste, Rudyard Kipling reçoit le prix Nobel en 1907 et devient ainsi le premier lauréat anglophone de la plus prestigieuse récompense littéraire.


Voilà d'ailleurs le poème If- ,1910, qui me touche beaucoup :


IF you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream - and not make dreams your master;
If you can think - and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: 'Hold on!'

If you can talk with crowds and keep your virtue,
' Or walk with Kings - nor lose the common touch,
if neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And - which is more - you'll be a Man, my son!





En français, Tu seras un homme, traduit de l'anglais par André Maurois en 1918 :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et , te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard KIPLING

 

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